DRÔLE D'ENDROIT POUR UNE RENCONTRE !
Au détour d'une lecture, et à l'heure ou la fête surprise d'anniversaire de Marc s'approchait, une pensée me renvoyait tout à coup, à un retour de certains " cafés-philo" alléchants sur le papier... et qui ont le mérite d'exister. Car c'est à une de ces occasion que nous avons eu la chance de nous rencontrer. Inconfortablement assis, lumière tamisée aux lustres imposants, dans une suffocante chaleur, favorisant l'agression de notre odorat par d'acres voir de minérales effluves. La promiscuité de l'endroit-ne jouissant pas même d'une acoustique normale- nous obligeait à tendre l'oreille. Mais face, tout de même, à d'agréables mines de spectateurs muets, - force est de constater qu'il n'y a que les crayons que l'on peut juger à leurs mines - Spectateurs qui se regardaient en chiens de faïence... Un peu comme avachis devant un film qui se veut intello. Mais dont pas même le réalisateur ne comprend le synopsis ! Inconfortablement installés donc, dans des fauteuils étroits, je reposais mon bras sur un accoudoir deja occupé. Il était assis juste à côté. Nos mains se sont chevauchées. Ainsi que nos regards. Je le priais de m'en excuser. Je me concentrais à nouveau pour tendre l'oreille. En me rendant compte bien plus tardivement qu'il occupait l'accoudoir dévolu à ma place. Nous assistions alors à de véritables joutes d'échanges d'egos... Certains mesurés, d'autres moins, pour entendre des interlocuteurs, qui se succédaient, parler de leurs circonvolutions cérébrales. Qui n'étaient autres que l'impudique étalage au grand jour des replis sinueux de leurs cortex, en forme de bourrelets d'eux-mêmes. À plusieurs reprises, je surpris sa tête se tourner et son regard de velours, vif, et conquérant me pilonner. Je le regardait aussi le plus discrètement possible. La mise en évidence de son côté esthète, vêtu d'une chemise bleu ciel, dont le premier bouton ouvert laissait entrevoir quelques poils bruns brillants sous l'effet de la sueur. Le lin tendu et humide mettait en évidence de superbes tétons dressés. Le tissu tombant négligemment sur un pantalon fluide masquait à peine le fait qu'il ne portait pas de slip. Le tout me renvoyait à la beauté sculpturale des dieux grecs...avec leurs teints mats et leurs larges pieds. Lesquels mettaient à mal mon imagination de pubère. Sans en avoir réellement et totalement
conscience. Et même si, comme le répétait à loisir ma grand-mère, "la beauté ne se mange pas qu'en salade " force est alors de constater que le culte du corps, ou plutôt de l'émoi suscité par le sien, me procurait deja un désir fulgurant. Plaisir des yeux, certes, pensais-je comme le disent les turcs au désir et au plaisir de son corps il n'y avait qu'un pas que je franchirai aisément le soir même. La beauté d'un homme réside aussi dans sa robustesse, sa résistance. Le muscle saillant, que laissait apercevoir les manches légèrement retroussées de sa chemise, son corps compact et massif. La vision de la beauté masculine s'oppose avec force à la beauté féminine, douce et fragile qui m'était à l'époque plus familière. L'affirmation de soi, et le naturel de son corps terriblement viril, mettait en lumière la face immergée des sacro saintes phéromones volatiles, celles que je pouvais humer en filigranes. Je me mis à bander. Je sentis tout à coup mon gland embué puis totalement trempé. Je me surpris de ne pas même avoir essayé de bloquer quoique ce soit dans ce processus enclenché malgré moi. Me laissant aller à ce plaisir incontrôlable et soudain, submergeant mon corps tout entier, qui prenait progressivement possession de ma raison. Doublement heureux aussi d'avoir choisi d'enfiler un slip ce jour là. Dans nos regards, j'imaginais deja appréhender cette nudité masculine projetée sur cet autre. "je vous en prie, reprenez votre accoudoir", me dit-il d'une voix grave et assurée. Beau et parfois même insolent, et conscient de l'être, son corps n'a pas besoin d'artifices pour être désirable et ou parlant. En tout cas, lui me parlait déjà. Reprenant mes esprits, je le remerciai. Et récupérai mon dû pour essayer de me convaincre que je maîtrisai la situation en tant qu'homme. "Mais que faisons-nous là ? " lui-dis-je discrètement. Quel était le but de tout cet étalage ? " Le but étant censé, repris-t-il, nous faire ressortir moins cons qu'à notre arrivée pardi ! Pour gagner un hypothétique salaire celui du savoir. " Et de rajouter. "En essayant de les voir prendre leur pied devant une assistance parfois médusée. Nous y compris !" Face à cet homme charmant, intelligent et terriblement séduisant, j'engageais alors la conversation. "Cela voudrait-il dire, qu'en tant que participants, nous sommes condamnés à devenir tous des Pédicures ou Podologues en herbe, voir des fétichistes ? " Cette vision, qui n'engageait bien sûr que moi, l'a fait rire. Il renchérissait en susurrant de ses lèvres charnues qui flattaient le lobe de mon oreille. "Avons-nous, involontairement pris part à cette mascarade d'idiots en la cautionnant ? En d'autres terme, sommes-nous des masochistes-fétichistes ou déjantés du bulbe qui s'ignorent quand on va dans ce genre de réunions de cons ? " j'éclatais de rire. Ça y est il me plaisait. Et répondais dans la foulée "Pour la définition du fétichisme, ou autre masochisme, je vous renverrai à des lectures plus... subjectives. Laissant à chacun le soin de se découvrir... ou pas." Il acquiesçait par un sourire complice et des pupilles inspirées. Je compris à ce moment là que quelque chose se passait. Nous décidâmes alors de rester au buffet. Et la persévérance positive mais improbable de vouloir coûte que coûte échanger, après ce débat, nous a permis d'être là, ne nous sentant pas forcément plus idiots que la vielle. Mais plus heureux. Sonnez tocsins, trompettes et autres oliphants, ce soir nous tordons donc le coup à ces mauvaises pensées, ou rumeurs, de "ces cafés tapageurs aux lustres éclatants" sous lesquels, sans vergogne, nous partagions les conversations ubuesques et steriles. Et maintenant c'est a toi pensais-je, qu'il m'appartient de profiter de la suite de la soirée. Et qui sait, ce qu'il adviendra. Belle occasion de mettre à l'essai ce fameux Carpe Diem théorisé mais tant de fois contourné. Et vous, avez-vous fait de belles rencontres inattendues dans des occasions particulières ?

