Escapade Madrilène 2 : Mario
Deuxième jour à Madrid. Le matin, en allumant vite fait l'appli, je ne vois rien de spécial et je l'éteins aussitôt. J'ai décidé que cette journée serait consacrée à la ville, pas aux rencontres. Toute la journée, je marche, je visite le Prado et le Reina Sofía, je goûte aux tapas, je m'imprègne. Partout, je croise des garçons superbes, mais je garde le cap : aujourd'hui, c'est Madrid avant tout.
Il est minuit quand je rentre enfin à Vallecas, lessivé mais encore électrisé par la ville. Je rouvre l'appli, et je découvre un message reçu plus tôt dans la journée. Il vient d'un certain Mario. Je clique, et je reste figé. Ses photos sont irréelles : corps sec, musclé, abdos parfaits, sourire magnétique, cheveux bruns tirés en arrière, yeux sombres et brûlants. Certaines prises de vue sont esthétiques, presque artistiques, d'autres le montrent classe, en costume. Je me dis que c'est sûrement un fake, mais je lui réponds. Quelques minutes plus tard, il est en ligne.
Mario a vingt-cinq ans, il est colombien, installé à Madrid depuis quatre ans. On discute. Il me dit qu'il n'a pas envie de passer la nuit seul. Il aime les hommes plus âgés. Mon côté français et mes yeux bleus l'attirent. Je souris, je doute encore, mais il insiste. Je lui dis que c'est tard, que je n'ai pas de voiture, que c'est loin à pied. Il me propose alors de rester dormir chez lui. Là, je me dis que je ne peux pas passer à côté.
Je commande un Cabify pour La Latina. Pendant le trajet, mon excitation monte. Les rues défilent, Madrid la nuit, chaude et vibrante. Je me prépare à voir s'il est réel, à sentir si l'alchimie existe.
J'arrive devant sa porte. Il ouvre, et il est bien là. Identique aux photos, mais avec quelque chose de plus mature, de plus viril. Et ça me plaît. Il porte juste un jockstrap jaune. Son sourire me désarme, son regard brûle. Il m'embrasse tout de suite. L'appartement est une seule pièce, un peu encombrée mais chaleureuse. Sur la table, un cendrier, un verre à moitié vide. À l'écran, un porno gay tourne en fond, silhouettes d'hommes emmêlés.
Il finit son verre d'un trait, file à la cuisine, prépare un cocktail pour moi et s'en ressert un autre pour lui. En revenant, il me propose de choisir un jockstrap. J'en enfile un rouge. On s'installe sur le canapé, nos verres à la main. Pas très à l'aise dans cette tenue minimaliste au début, je me détends petit à petit.
On parle. Je raconte mon séjour, ma vie à Toulouse. Il sourit, il trouve mon accent français sexy. Puis il se confie : son arrivée difficile, ses études, et aujourd'hui son métier d'escort. Je me crispe, je lui dis franchement que je n'espère pas qu'il m'ait invité en tant que client. Il secoue la tête, sérieux, son regard planté dans le mien : « No, contigo es diferente. » Ces mots me rassurent.
On parle, on sourit, on se sonde. Nos regards s'accrochent un peu trop longtemps, puis s'échappent aussitôt. Ses jambes s'écartent, sa cuisse frôle presque la mienne. Le film en fond diffuse des gémissements, mais entre nous c'est le silence qui alourdit l'air. Ses yeux glissent sur mon torse, redescendent, reviennent dans les miens. Sa main se pose sur ma cuisse, ses doigts tapotent. Je me penche légèrement, nos genoux se touchent. L'électricité est immédiate.
C'est lui qui cède le premier. Il pose son verre, avance, et ses lèvres trouvent les miennes.
Ses mains glissent sur mon dos, mes fesses. Je l'embrasse dans le cou, je descends sur ses pectoraux, sa peau brûlante. Je dégage son sexe du jockstrap et je l'avale d'un coup. Il gémit, ses mains serrent ma nuque. Je caresse ses fesses dures, il cambre son bassin, sa main explore mon corps, se pose entre mes jambes.
Je me place pour lui. Il se met derrière moi. Il entre avec douceur, mais fermement, et je bascule en transe. Ses coups profonds me traversent. Au moment où il est près de jouir, il s'arrête, passe sa langue entre mes fesses, puis me retourne. Jambes relevées, il murmure : « Quiero verte en los ojos. » Il revient en moi, plus rapide, plus brutal, nos regards soudés. Il jouit puissamment, haletant. Je me caresse et je jouis aussi, secoué de partout.
Nous allons sous la douche. L'eau chaude glisse sur nos corps collés. Nus, nous allons nous coucher, il m'entoure de ses bras. Dans la nuit, nous recommençons, plus doucement, presque tendrement. Le lendemain, on se réveille tard. Il me prépare un café, m'embrasse encore une fois. Puis je pars découvrir La Latina, la tête pleine de cette nuit sensuelle et irréelle.


