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Léonard, la passion dans une vie.

Chapitre 3

La vision, la passion, les remords.

En ce mois de juin 1914, ce début d'été était fort orageux.
Alors qu'il arriva en gare de Persan-Beaumont, les éclairs au loin devenaient perceptibles.
Il sortit du wagon, le long du quai, des grondements inquiétants venant au loin, se rapprochèrent, devenant menaçants…
Il eut alors une vision, se voyant courir en habit militaire au milieu d'explosions et de cris d'hommes…
Il ne comprit pas ce qu'il vit, mais après tout la pensée peut jouer des tours, pensa-t-il!
Il ne se doutait pas que le présage de cet orage allait, dans moins de deux mois, basculer le monde dans un cataclysme infernal.
L'air devint lourd, à la hâte, il marchait à vive allure franchissant le pont où l'Oise devint sombre, le ciel s'étant obscurci.
Il repensa à ces moments délicieux passés avec Louis.
Cette passion pécheresse de leurs corps respectifs, son obsession pour ses fesses, et la manière dont il l'avait pris, leurs jouissances communes, les gémissements de Louis, leurs caresses, leurs baisers profonds.
Il l'aimait, comme un homme aime une femme.
Ce sentiment nouveau, cette sexualité inconnue, qu'il avait connue naturellement cette après-midi-là, lui fit comprendre qu'il était inverti.
Il n'en éprouvait aucune honte, car pour lui ce qu'il comptait, c'étaient ses sentiments envers Louis.
Ils resteraient ensemble ainsi, en aménageant leurs entrevues.
Son engagement dans le mariage, sacré de devant Dieu, indissoluble, était pour lui important.
Léonard était un homme droit, catholique, pratiquant, ainsi que tous les membres de sa famille.
En remontant au détroit d'une rue, il vit l'église, ce monument magistral aux innombrables marches pour y accéder…
L'orage se rapprochait de plus en plus, des grondements sourds et inquiétants, dans un ciel noirci, bleu gris, menaçant le monde d'un châtiment proche, firent à Leonard une impression, un appel…
Il se détourna de son chemin, pour gravir la totalité des marches tel un chemin de croix.
Il arriva sur le parvis de l'église, il franchit la lourde porte du XIVe siècle, il entra, se signa, puis avança dans l'immensité de la bâtisse déserte.
Il ressentait le poids de ses actes, contemplant comme chaque dimanche les colonnes en pierres, ainsi que les ogives de la nef.
Il s'assit devant l'autel, soudain il vit le jeune prêtre, qu'il n'avait pas remarqué.
Grand, châtain, au visage imberbe et tendre, un regard sombre, une soutane noire, il regarda Léonard.
Un éclair frappa. Un grondement brutal se fit entendre, suivi du début d'une pluie battante…
Le jeune curé, approximativement du même âge que lui, s'approcha.
D'une voix tendre et ferme à la fois, il lui dit :
- Bonsoir mon fils, avez-vous besoin de moi?
- Oui mon père, répondit-il!
J'ai commis un grave péché, je suis marié, et j'ai commis un adultère!
- Suivez-moi, mon fils! Si vous voulez vous confesser.
Léonard suivit le jeune prêtre au confessionnal.
Il entra, s'agenouillant pour faire pénitence, il se confia derrière le parloir.
- Voilà, mon père dit-il! J'ai un tendre ami pour lequel j'ai des sentiments depuis mon service militaire.
Je me suis marié il y a environ un an et demi, ma femme est gentille, nous nous entendons bien, mais je me rends compte aujourd'hui que je suis inverti…
J'ai revu aujourd'hui mon ami et nous avons fait l'amour, comme je le fais à ma femme. Nous y avons pris beaucoup de plaisir.
Je l'aime profondément, lui aussi je pense, il est également marié.
Voilà ce que j'ai à vous confesser, mon père.
Il y eut un silence de quelques instants.
Puis le père lui dit :
- Je suis comme vous… je comprends vos sentiments. Aimer n'est pas un péché, seul la chair l'est!
Vous devez vous concentrer sur votre épouse et éviter les tentations.
Je prierai pour vous.
Revenez me voir autant de fois que vous le voulez.
Pour moi aussi c'est difficile, j'ai aimé un autre homme au séminaire, nous avons été ensemble, comme vous et votre ami.
La séparation a été difficile pour nous.
Je prierai pour vous et votre ami.
Il lui donna la bénédiction, puis une pénitence à faire, un chapelet, qui récita aussitôt avec le prêtre.
Léonard se sentit soulagé de sa confession.
L'orage se faisait toujours ressentir, le tonnerre également.
Le curé lui prêta un parapluie, afin qu'il puisse rentrer.
Il regarda Léonard, si jeune, si beau, la tentation de le toucher, de l'embrasser lui était intense.
Il lui demanda, simplement de venir à la messe et qu'il aurait plaisir à le voir, lui et sa famille.
Il saisit son bras tendrement, en le fixant du regard, un regard compatissant, plein de bonté, en lui souhaitant bon courage.
Léonard repartit sous la pluie battante, protégé par le parapluie du jeune curé qu'il allait revoir le lendemain pendant la messe.
Il arriva chez lui, il franchit la porte du petit immeuble, monta les escaliers, puis entra chez lui.
Désirée était assise devant la table de la cuisine, où elle avait elle-même confectionné une nappe en crochet.
Elle était en train de coudre à la main les contours d'une nouvelle chemise qu'elle avait confectionnée pour lui, à la lueur de la lampe à pétrole parisienne tout en laiton dont l'abat-jour avec ses cabochons de verres colorés de différentes couleurs donnait à la pièce des projections de couleurs différentes aux quatre coins de la pièce.
Elle était calme, concentrée sur son ouvrage.
Léonard lui dit :
- Bonsoir, je suis rentré.
- Je le vois bien, dit-elle, imperturbable.
Elle reprit :
- Tu as passé une bonne journée avec ton ami?
- Oui très bien, il m'a fait visiter la propriété où il travaille, un manoir appartenant à un vicomte.
- Cela devait être joli! Dit-elle.
- Il reste de la soupe, un peu de fromage et de la tarte aux pommes, si tu as faim.
Elle resta concentrée sur son ouvrage.
Léonard était revenu à la réalité de sa vie d'homme marié, fade, monotone, rythmée par les habitudes.
Il s'attabla en pensant à ce que sa vie aurait pu être s'il était parti avec Louis… Il ne pensait qu'à lui…Aux délices de son corps, à ses fesses qu'il avait prises avec passion…Ce gamahuchage merveilleux… Il bandait à nouveau, dans le silence, la monotonie de sa vie qu'il jugeait ennuyeuse à présent.
Il repensa au jeune prêtre, qui lui avait dit de se recentrer sur son mariage.
Comment faire? Louis était une révélation pour lui, il partageait tout, une sexualité jouissive, des passions communes… Que partageait-il avec son épouse ?
Si gentille fût-elle! Il s'aperçut qu'ils n'avaient pas réellement de choses en commun, elle était gentille, elle s'occupait bien de lui et du foyer.
Dans sa tête, il décida fermement de voir Louis le plus possible, il eut une idée!
Faire rencontrer les deux femmes, afin qu'ils aient du temps pour eux deux!
Il dit à Désirée :
- La femme de Louis, Henriette, est couturière comme toi, alors j'ai pensé que nous pourrions aller leur rendre visite, vous pourriez sympathiser!
- Oui, mon chéri, dit-elle, c'est une bonne idée, mais il faut payer le train.
- Je travaillerai une heure de plus chaque jour pour que nous puissions profiter un peu.
- D'accord! Dit-elle.
- Demain, j'écris à Louis pour mettre au point cette idée.
Il finit son repas. Il débarrassa la table.
Désirée arrêta son ouvrage, il était l'heure de se coucher.
Léonard savait qu'après cette folle journée, il devait encore remplir son devoir conjugal comme tous les samedis soir.
Il la prit passionnément, dans une sexualité codifiée, aux antipodes de ce qu'il eut découvert avec Louis, mais bien excité encore par ses souvenirs, il fut bien moins retenu que d'habitude.
Désirée n'osa rien lui dire, profitant de sa fougue, elle s'adapta, n'ayant connu que son mari, cela ne lui déplut pas.
Léonard s'imagina à nouveau être avec Louis, saillissant sa croupe, l'entendant gémir comme un homme… il en était fou, fou d'amour pour lui.
Il finit tellement excité, par jouir, fécondant naturellement son épouse, qui époustouflé, fut surprise de ce changement, jamais auparavant il ne l'avait étreinte de la sorte.
Elle ne s'en plaignit pas.
Il était l'heure d'éteindre la lampe, le réservoir n'ayant plus beaucoup de pétrole.
Léonard s'endormit en espérant rêver de son cher Louis…
Le lendemain après la messe, il alla voir le jeune prêtre pour lui rendre son parapluie.
Il lui saisit la main et le remerciant vivement pour son réconfort de la veille…
Après le repas dominical et familial, ainsi que la visite hebdomadaire à son oncle curé avec les siens, ce fut qu'en début de soirée, qu'il écrivit à son ami pour lui proposer de présenter leurs épouses pour un pique-nique au manoir.Ils pourraient ensuite laisser les deux femmes discuter, faire connaissance.
Pendant ce temps-là, ils seraient tous les deux occupés à pêcher.
Louis se douterait bien qu'il y aurait un moment pour se retrouver seul.
Le lendemain matin, il partit plutôt pour passer à la poste, afin d'envoyer sa lettre.
Il attendit avec impatience la réponse de Louis, il pensa constamment à lui, il fut tout pour lui, un frère, un ami, un amant… Il avait un amour inconditionnel pour lui…
Louis était l'homme de sa vie, à présent il n'avait plus de doute sur ce point.

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Dernière réponse le 16 juin
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40 • hypersensible
339 km • Passif
a publié ce sujet le 16 juin
Zetav
52 • Zetav
C'est toujours un plaisir de lire tes histoires.
Y aura t'il une suite
Lundi
40 • hypersensible
Merci à toi pour ta fidélité à mes sagas!😊 oui le chapitre 4 sera en ligne dans quelques temps😊😘 • Lundi
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