Léonard, la passion dans une vie.(Chapitre 5)
La désillusion
Quelques jours étaient passés depuis, Léonard et Désirée eurent repris leurs activités quotidiennes en repensant au samedi passé.
Chacun de leur côté, différemment, n'ayant pas vécu les mêmes choses.
Elle parlait fréquemment d'Henriette depuis lors.
Elle était fascinée par cette si charmante jeune femme qu'elle admirait pour sa personnalité, sa classe et son bon goût.
Désirée, elle, qui n'avait jamais connu autre chose que la classe ouvrière dont elle était issue.
Elle décida de lui écrire afin de faire une surprise à son mari, elle voulut qu'elle lui confectionne une robe merveilleuse, comme elles en avaient toutes les deux parlé près de l'étang, une robe extraordinaire, à la turque, de quoi faire parler et rivaliser avec les femmes de notable de Beaumont-sur-Oise.
Léonard lui, avait bien d'autres pensées… taillant les haies, les rosiers dans les propriétés dans lesquelles il menait dur labeur.
Comme son père avant lui, il était rigoureux, honnête, volontaire.
Il avait bon nombre de qualités pour fonder une famille.
Il s'aperçut à présent du regard que certains hommes portaient sur lui, chose qu'il ne s'était pas rendu compte auparavant…
Il se doutait qu'il plaisait, puisque qu'il avait des retours de la part de sa femme sur les compliments provenant d'autres femmes.
Mais il était fidèle, l'homme d'une seule femme! Et il sera l'homme d'un seul homme!
Cette réflexion lui parut contradictoire, mais juste, compte tenu de ses sentiments.
Il prit la décision d'écrire à Louis pour lui faire part de sa venue le samedi suivant.
Il lui écrivit le soir même, pendant que Désirée était occupée à bâtir une robe pour une cliente sur la table de la cuisine.
Il s'isola dans la chambre.
À la lueur de la lampe à pétrole sur le chevet, il lui écrivit pour le remercier de son accueil, du formidable repas qu'il lui avait préparé, et qu'il viendrait pêcher avec lui samedi s'il était d'accord.
Bien évidemment, il n'en parlerait pas à Désirée, afin qu'elle ne suspecte rien.
Il lui dira simplement qu'il allait voir une course hippique sur invitation d'un client à Enghien-les-bains, une petite station thermale non loin de Beaumont-sur-Oise.
Il rédigea à la hâte cette lettre, afin de la poster le lendemain matin avant la levée du courrier.
La semaine s'écoula, les orages éclatèrent, le temps était lourd. Léonard transpira beaucoup, la sueur émanant de son torse, coulant le long de sa poitrine musclée d'homme de la terre, lui fit rendre compte que sa dure labeur du quotidien le faisait à peine vivre correctement.
Il ne pourrait jamais rendre l'invitation à son cher et tendre, de la même manière dont Louis l'avait honoré.
Comment pouvait-il avoir autant de privilèges? Lui qui était également un simple gardien et jardinier.
Il se faisait du souci pour lui, il sentait qu'il lui cachait des choses.
La semaine s'écoula et le samedi arriva, il n'eut aucune réponse de Louis.
Il était troublé et décida de se rendre à Forges-les-Eaux.
Il prit place dans la locomotive à vapeur qui démarra rapidement, pendant tout le trajet, il se fit des films dans sa tête, oui Louis aurait eu un accident, il serait peut-être mort, il angoissait beaucoup.
Ils s'aimaient, il le savait, et ce depuis leur première rencontre pendant leur service d'armes.
Après avoir débarqué à Paris, il prit le train pour la direction de Forges-les-Eaux.
Il repensa sans cesse à leurs ébats, à la sensation, à la douceur pécheresse de la bouche de Louis engloutissant son sexe avec douceur et volupté…
Où avait-il pu apprendre tout cela? Ce n'était pas l'usage des hommes ruraux, chrétiens et mariés…
Il repensa pendant son voyage, à sa jeunesse, sa grand-mère Joséphine, qui vivait avec son cher oncle curé, souriante, caressante, elle qui n'était plus là pour le réconforter à présent, qu'aurait-elle pensé de tout cela? Voilà plus de dix ans qu'elle n'était plus là…Léonard adorait sa défunte grand-mère, cette vieille femme tout en noir qui avait les cheveux blancs, tirés en arrière, séparés par une raie au milieu, finissant par un chignon…
Perdu dans ses souvenirs, il ne se rendit compte que le train venait d'arriver en gare.
Il sortit du wagon, et il ne vit personne!
Louis n'était pas là…Il décida d'aller jusqu'au manoir afin de voir s'il le trouverait là…
Il quitta la gare en direction du lieu enchanté de ses amours.
Il marchait inquiet dans la chaleur de l'été, cette journée, dont il ignorait encore l'événement qui allait changer la face du monde.
Il était inquiet, il ne comprenait pas…Les merveilleux moments passés le samedi précédent, plus de nouvelles depuis lors.
Il aperçut tout en marchant le manoir dont la silhouette s'esquissait le long de la route, autour de lui, la campagne, des pâtures, des vaches, des haies bocagères entouraient son chemin, il se rapprochait de plus en plus, il frémit intérieurement, son coeur battait, il ne pensa qu'à lui, ce cher Louis, ses yeux d'azur, son sourire enjoliveur, il l'aimait tant! C'était lui, et personne d'autre!
Il finit par arriver près de l'entrée, il entendit un lointain gémissement, il empoigna la poignée suppliciére, qu'il manoeuvra délicatement.
Il longeait délicatement l'allée, il vit l'automobile garée devant l'entrée.
Il se dirigea allègrement vers le parc à l'arrière gauche du manoir, où se situait l'étang et le saule pleureur de leur amour.
Soudain! Il fut pris de stupeur! Apercevant Louis, gémissant fortement, à quatre pattes, pris par un homme moustachu d'une cinquantaine d'années…
Une allure militaire, gaillarde, pantalon baissé, un sexe vigoureux, un pubis fourni, une paire de bourses volumineuse, venant s'échouer sur les fesses de Louis.
Ce dernier, pantalon baissé, s'offrant comme le font les catins des bordels, face à terre, son visage positionné sur la gauche, plaqué au sol sur l'herbe fraîche légèrement humide d'un léger reste de rosée, ses yeux fermés, criant, hurlant de plaisir, de la fougue de cette prise à la hussarde.
Léonard, voyant cet homme pantalon baissé, ses bottes de cuir noires, sa chemise blanche couvrant son postérieur musclé, en déduit qu'il s'agissait du vicomte de Paris.
Il avait, par la prestance de sa moustache fournie, cette allure prestigieuse des hauts gradés de la fin de l'époque impériale, nostalgique d'une époque révolue.
Sa hardiesse, son endurance, son vice, faisaient de lui un homme excitant, d'une virilité indomptable.
Il voyait Louis soumis, au bon plaisir de ce maître sans vergogne.
Son gland arrondit, vaillant, proéminent, sortait de son antre, pour y revenir violemment.
Il encaissait, excitant ce satyre qui n'hésita pas à l'humilier verbalement.
- TU N'ES QU'UNE PUTAIN AU SERVICE DE MA QUEUE, ET JE VAIS TE SAILLIR, TRAÎNÉE!
- OUIIII, MAÎTRE, JE SUIS À VOUS!!!
- FERME TA GUEULE, FIOTTE! TU N'ES MÊME PAS CAPABLE D'HONORER TA FEMME!
- pardonnn!!! Mais c'est trop bonnnn!
Il lui gifla les fesses et il reprit :
- C'EST MOI QUI VAIS L'ENGROSSER! CHIENNE! TU N'ES BON QUE POUR MA SEMENCE, TA QUEUE NE TE SERT À RIEN! Hurlait-il…
Léonard fut choqué et consterné de voir Louis humilié, traité comme la dernière des putains…
Il aperçut, caché derrière le buisson, la bonne qui étendait le linge dehors dans une tenue sombre avec un tablier blanc.Il remarqua qu'elle était grosse, ce qui le frappa instantanément.
Puis il vit également à une fenêtre du manoir qui était ouverte, Henriette en robe de chambre, assise devant la glace d'une coiffeuse se pomponnant…
Il comprit en un éclair que le vicomte était l'amant d'Henriette, le géniteur probable de la bonne!
Il fut saisi d'effroi!
Son regard croisa alors celui de Louis! Le vicomte, dans une cadence effrénée, finit, dans un râle puissant, bramant tel un cerf, par jouir puissamment en se retirant, sur les fesses de Louis, l'inondant de sa semence épaisse.
Son humiliation ne s'arrêta pas là, malheureusement pour lui.
Le Vicomte étala sa semence sur ses fesses, du bout de son gland, puis il lui porta à la bouche, l'obligeant à avaler, nettoyant sa verge encore turgescente…
Il porta sa main droite sur sa croupe afin de ramener sa semence encore visqueuse vers son orifice, en l'humiliant davantage, faisant entrer sa semence en lui, en le doigtant profondément.
Il le gifla.
Puis, il lui administra un coup de pied sur les fesses, qui le projeta violemment au sol.
- Disparaît de ma vue! Misérable averti! Dit-il! Va te laver la chatte à la cuisine! Et file bosser! Je vais sortir avec Henriette maintenant! Dit-il. Elle a besoin d'un vrai mari! D'un homme qui la sorte, et qui lui offre du bon plaisir! Reprit-il! Hors de ma vue! Fiotte! Travail! Surenchérit-il.
Il remonta son pantalon, d'une rigidité militaire, il le reboutonna puis s'en alla vers l'entrée du manoir.
Léonard, sans réfléchir, dans une fureur animale, bondit du buisson où il s'était voulant assaillir de coups de poings le vicomte. Dans son élan irréfléchi, la bonne l'interpella :
- Monsieur! Dit-elle, je vous en supplie, ne faites rien!
- POURQUOI! Hurla-t-il!
- Taisez-vous, s'il vous voit ici, cela sera pire pour lui…
- Qu'en savez-vous? Que se passe-t-il ici!!!
- Monsieur, votre ami est son amant depuis fort longtemps, et madame Henriette, la maîtresse de Monsieur le vicomte!
- Et vous? Qui est le père de votre enfant?
- Monsieur! Dit-elle en baissant la tête.
- Et avec Henriette, il y a longtemps que ça dure? Lui demanda-t-il?
- Depuis bien avant leur mariage, répondit-elle!
- Pourquoi ???
- Monsieur est un salaud, dit-elle, un pervers, il achète les gens, leur offre des facilités, de l'aisance, des privilèges, ensuite il demande des comptes!
- Depuis combien de temps cela dure avec Louis?
- Oh monsieur…Depuis de bien longues années…
Léonard remarqua que Louis avait disparu.
- Partez! Dit-elle! Cela sera pire pour lui s'il vous voit…
Il leva les yeux, il vit Henriette, apprêtée, le fixant du regard, d'un sourire narquois…
Léonard comprit que cette vipère était bien au courant de leur histoire, son regard en disait long, tu parles, elle saura tout! Il ne t'appartiendrait jamais! Il est à moi! Même si je le méprise.
Léonard partit, il comprit, à cet instant, que Louis était un homme qu'il jugea faible et malhonnête, pris au piège par deux pervers, dont sa femme! Il prit peur en pensant à Désirée! Il fallait coûte que coûte qu'il la protège et qu'il reprenne sa vie de bon époux chaste ne désirant que son épouse.
Son esprit cartésien pensa dans cette logique de préservation.
Son coeur était meurtri.
Il s'aperçut de sa chute, il était absent, perdant momentanément le sens de la réalité.
Choqué, il revivait la scène voyant Louis prenant du plaisir à se faire humilier…Son corps était séparé de son esprit, il faisait des allers-retours conscients entre le moment présent et les événements.
Il arriva le soir à la gare de Persan-Beaumont.
Il prit le chemin de son domicile, traversant le pont entre les deux villes, l'Oise reflétant des reflets dorés du soleil couchant sur l'eau.
Il remonta la rue basse de la vallée, marchant vers un objectif, tel le soldat qu'on lui imposera d'être dans quelques temps…



