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Un massage découverte

La fièvre au corps, le doute en bandoulière, je frappe à ta porte. Le son est mat, étouffé, comme ma propre respiration qui se coince dans ma gorge. Quand tu ouvres, ton sourire est la première chose qui me rassure. Il ne questionne pas, il ne juge pas ; il accueille.

Je me déchausse, un geste mécanique, presque ridicule, pour ancrer ma présence ici, pour me donner une contenance alors que le courage me manque comme l'air. Tu m'invites à entrer. L'atmosphère de ton appartement est feutrée, une bulle hors du temps, baignée d'une lumière ambrée et du parfum subtil du bois de santal. C'est un lieu qui semble déjà m'isoler du monde que je viens de quitter, de l'homme que je croyais être.

« Juste un verre d'eau, merci. » Ma voix est à peine un souffle, une chose étrangère.

Je reste debout au milieu de ton salon, emprunté, une marionnette dont les fils se sont emmêlés. Je ne sais quoi faire de mon corps, de mon regard. Mais tu le savais. Nos longs échanges t'avaient préparé à ma timidité, à cette cuirasse de cinquante ans que je portais sur moi. Sans un mot sur mon malaise, tu poses une main légère sur mon épaule. Ta chaleur me traverse.

« Viens. Laisse-moi prendre soin de toi. »

Ces mots sont une libération. Une permission que je n'osais pas me donner. Je te suis vers une autre pièce. Une chaleur douce m'enveloppe dès le seuil franchi, une chaleur humide et odorante. La lumière y est si faible qu'elle ne dessine que des ombres, estompant les angles et les certitudes.

« Ferme les yeux », murmures-tu derrière moi. « Et laisse-toi aller. »

J'obéis. Le monde disparaît. Il ne reste que cette chaleur, ton odeur et le son de ta respiration près de la mienne. Je sens tes doigts agiles sur les boutons de ma chemise. Ils ne me touchent pas directement, mais chaque effleurement à travers le tissu fin envoie une onde le long de ma colonne vertébrale. La chemise glisse de mes épaules, et l'air chaud vient caresser ma peau nue. Un frisson me parcourt l'échine. J'entends alors le froissement d'un autre tissu. Quand tu te places derrière moi, ton torse nu vient se coller à mon dos. Choc thermique, électrique. Peau contre peau. Je retiens mon souffle.

Tes mains se posent sur mon ventre, caressent lentement, sans but apparent, remontent sur ma poitrine. Elles explorent ce corps que je ne reconnais plus, qui ne semble plus m'appartenir. Lorsqu'elles trouvent mes tétons, un soupir m'échappe, involontaire, presque honteux. Le contact est exquis, une petite décharge qui allume une mèche quelque part au fond de moi. Mon corps réagit avant mon esprit, se cambre légèrement, cherchant plus de ce contact inavouable. Tu as senti cet appel muet. Tes pouces dessinent des cercles lents, appuyés, et je sens mes mamelons se durcir, une sensation vive, presque douloureuse, entièrement nouvelle.

Tes mains descendent alors vers la ceinture de mon pantalon. Je t'entends défaire la tienne dans le même mouvement. C'est un rituel, une danse lente et silencieuse. Le tissu lourd de mon jean glisse le long de mes jambes. Nous voilà. Entièrement nus dans la pénombre.

Tu me guides vers la table de massage. « Allonge-toi sur le ventre. Respire... Laisse-toi aller... »

Mon corps t'est offert, en confiance. Tes mains ne se posent pas tout de suite sur moi. Je sens la chaleur de l'huile que tu verses dans tes paumes, son parfum subtil qui vient se mêler à celui des bougies. C'est une préparation, un rituel qui suspend le temps. Puis, le contact. Tes paumes se posent au creux de mes reins. Ce n'est pas un geste anodin. C'est un sceau de chaleur et de bienveillance, un point d'ancrage qui dit : "Je suis là. Fais-moi confiance."

Tes mains deviennent des cartographes. Elles remontent lentement le long de ma colonne vertébrale, chaque vertèbre saluée par la pression de tes pouces. Elles lisent la tension accumulée dans la forteresse de mes trapèzes, les années de silence et de devoirs contractés dans mes épaules. En pétrissant ces muscles, ce n'est pas seulement de la fatigue que tu chasses, mais des barrières. Elles descendent le long de mes jambes, sentent la fermeté de mes mollets, puis la peau plus douce et sensible derrière mes genoux. Tu t'y attardes un instant, juste un effleurement circulaire, et tu sens un frémissement me parcourir. Ce n'est pas un spasme de défense, c'est un signal. Le premier.

Tes mains remontent et se posent sur mes fesses. Le geste est franc, presque solennel. C'est un territoire tabou, le bastion de ma virilité. Mais ton toucher n'a rien d'une invasion. C'est un culte. Tu pétris la chair avec une lenteur adoratrice, sentant le muscle se détendre sous ta pression. Tu suis le galbe, descends dans le sillon, et chaque passage de tes doigts y laisse une traînée de feu. Mon bassin bouge, imperceptiblement, une ondulation involontaire qui cherche à aller à la rencontre de ta caresse.

« Retourne-toi. »

Je pivote lentement. Mon corps est une arche tendue vers toi, mes hanches se soulèvent dans un appel muet. Tu y réponds en me guidant dans une nouvelle posture, celle de l'offrande : à genoux, les épaules reposant sur la table, la tête tournée vers toi. Je suis un paysage qui s'offre à ton regard, un livre ouvert. Tu t'agenouilles face à moi, pour te mettre à ma hauteur.

Tu commences par sculpter mes fesses de nouveau. Tes paumes chaudes les enveloppent, les séparent. Tes doigts explorent le sillon avec une lenteur sacrée. Simultanément, ton autre main se glisse sous mon torse et retrouve mes tétons. Le monde bascule. Je suis pris dans un étau de plaisir. La caresse profonde et quasi spirituelle d'un côté, et la stimulation aiguë, électrique, de l'autre. Mon esprit se fracture. Ma tête tourne, cherchant quelque chose à quoi me raccrocher. Et je te vois.

Tu es là, ton sexe dur et vibrant à portée de ma main, de ma bouche. Mon corps a été éveillé, mais maintenant, c'est ma volonté qui s'éveille. Ma main, tremblante, quitte la table et trouve la tienne, te guidant vers ton sexe. Le contact est un choc. Puis, enhardi, je me penche et ma bouche remplace ma main. Je suis maladroit, un apprenti, mais mon ignorance est guidée par l'instinct, par le souvenir de tes propres caresses. Je goûte, j'apprends de tes soupirs, de la façon dont tes hanches pressent contre moi.

Tu te lèves et passes derrière moi. L'attente est une pure agonie de désir. Je sens la chaleur de ton corps se rapprocher, puis le contact de tes cuisses contre les miennes. Et puis, la sensation. Inconnue. Inouïe. Ton sexe tendu, dur et glissant d'huile, vient se loger dans le sillon de mes fesses. Ce n'est pas une intrusion. C'est une pression, une chaleur, une présence massive et pleine qui comble un vide que j'ignorais exister. Au même instant, tes deux mains reviennent à l'avant, se glissent sous moi et retrouvent mes tétons.

Je suis une corde de violon tendue sur son chevalet. Ton sexe est l'archet qui glisse lentement, produisant une note grave, continue, une vibration qui remonte le long de ma colonne vertébrale. Tes doigts sont le plectre qui effleure les octaves supérieures, produisant des notes aiguës et cristallines qui me font haleter. La corde lâche. Une vague de plaisir pur, blanc et aveuglant, naît non pas de mon sexe, mais du plus profond de moi-même. Mon dos se cambre dans un arc de spasme total, et sans que tu ne m'aies jamais touché directement, mon corps s'épanche, offrant sa chaleur sur la peau fraîche de la table.

Je m'effondre, mais tu me retiens. Tu restes blotti contre moi. Je suis échoué sur les rives de mon propre plaisir. Et je sens ton sexe, majestueux, qui n'a pas faibli, et qui bave son désir sur mon fondement. Ce n'est pas une souillure ; c'est un sceau. Et une chose étrange se produit. Mon corps, qui devrait être apaisé, s'éveille à nouveau. La jouissance n'a pas éteint la soif, elle a creusé le puits. Mes muscles internes, des doigts invisibles, se contractent doucement et viennent goûter la pointe de ton sexe. C'est une ondulation, une question posée dans le plus intime des langages.

Tu le sens. Mon dos se cambre à nouveau, non plus dans un spasme, mais dans une offrande lente et délibérée. Tes mains attrapent mes hanches, et doucement, si doucement, elles écartent ma chair. Tu ouvres.

Tu entres en moi. C'est une complétion. Une plénitude brûlante qui fait taire mon esprit et met le feu à mes veines. Pour la première fois de ma vie, je me sens entièrement, absolument plein. Et la danse commence, au rythme de nos jeux d'enfants.

Au pas... Tes premiers mouvements sont lents, presque imperceptibles. Tu ne pousses pas, tu respires en moi. C'est une pulsation douce qui laisse à mon corps le temps de s'habituer, de t'accueillir, de se mouler à toi. Tes mains sont les complices de cette lenteur. Elles glissent le long de l'arrière de mes cuisses, traçant des lignes de feu, remontent le long de mon dos, avant de revenir, comme un refrain, à mes tétons qu'elles effleurent avec une douceur infinie. Mon corps entier ronronne.
Au trot... C'est moi qui donne le signal. Mes hanches, qui n'étaient que réceptacles, commencent à onduler, allant à la rencontre de tes poussées, demandant plus. Tu sens cet appel et tu réponds. Le rythme s'accélère, devient plus marqué, plus régulier. Tu n'es plus seulement en moi, nous bougeons ensemble.
Au galop... La gourmandise se mue en faim. La danse devient une course effrénée. Tes poussées sont profondes, puissantes, elles frappent un point en moi, un centre nerveux qui envoie des décharges électriques dans tout mon être. « Encore... continue... », les mots m'échappent, portés par un mouvement de mes hanches qui se jettent en arrière contre toi.
Mais au sommet de la vague, alors que je crois atteindre le point de non-retour, tu te retires presque entièrement. Tu ralentis jusqu'à l'immobilité. Le choc de ce retrait est presque aussi violent que la plus forte de tes poussées. Tu me laisses suspendu dans le vide, plein et vide à la fois.

Tu me fais basculer sur le côté, te lovant derrière moi. La posture de la cuillère. L'intimité est totale, différente. Moins éruptive, plus enveloppante. Mon bras, libre, cherche en arrière et trouve tes fesses. Je pose ma paume sur ce muscle bandé, je le sens se contracter. Je ne suis plus seulement celui qui reçoit, je suis celui qui tient. Pour toi, mon corps est une nouvelle carte. Ta main se glisse sous mon bras, se pose sur mon ventre. L'autre caresse ma cuisse, ma hanche, puis s'empare de ma fesse. La danse reprend son rythme ternaire, ce pas lent, ce trot puissant, ce galop joyeux. L'angle est différent, plus profond, il semble toucher une part de moi encore plus secrète. Nous sommes verrouillés l'un à l'autre, jusqu'à ce que, de nouveau, tu me laisses pantelant, vibrant, au bord de la folie.

Tu me fais rouler sur le dos. Le changement est brutal, total. Je suis face à toi. Pour la première fois, je vois ton visage dans la pénombre, tes yeux brillants de désir. La vulnérabilité est maintenant partagée. Tu te places au-dessus de moi, tes genoux de chaque côté de mes hanches. Tu prends mes poignets et les places de chaque côté de ma tête. Je suis l'autel sur lequel tu vas officier.

Tu reprends possession de moi, et le premier pas de cette dernière danse est une éternité. Nos regards sont soudés. Ta main qui n'est pas en appui retrouve mon téton, et la mienne, en retour, se lance à la découverte du tien. Un besoin primal, irrépressible, me submerge. Je me redresse sur mes coudes et prends ton téton dans ma bouche. Le goût salé de ta peau, la texture dure sous ma langue...

Un grognement sourd, animal, vibre dans ta cage thoracique. Tu deviens plus puissant, plus brut, réveillant une flamme volcanique au plus profond de moi. Tu romps le contact, me recouches avec une fermeté qui n'admet aucune réplique. Tu attrapes mes mollets. Le monde bascule. Tu lèves mes jambes jusqu'à ce que mes pieds reposent sur tes épaules. Mon corps est une coupe offerte.

La tempête finale. La danse n'est plus un jeu, c'est une confrontation. Nos regards sont un filin tendu au-dessus du vide. Nos plaisirs montent, une vague immense que nous ne cherchons plus à contenir. Dans un dernier regard, nous nous donnons la permission.

La vague nous frappe en même temps. Un seul cri arraché à deux gorges, qui se mêle et ne fait qu'un. Mon corps se cambre dans un arc final, une décharge blanche qui efface le monde. Le tien se fige, puis pulse en moi. Ce sont des soubresauts qui nous secouent, encore et encore. Tant que ça vibre, nous restons là, suspendus dans l'oeil du cyclone.

Puis, lentement, tu te couches sur moi, sans te retirer. Tu t'effondres, lourd de tout ton plaisir, et je te reçois. Je te sens toujours à l'intérieur, une ancre chaude qui nous empêche de nous disperser. Nos bouches, affamées, se retrouvent dans un baiser passionné, salé, profond.

Et alors que je crois que tout est fini, une dernière vague de tendresse et de possessivité me submerge. Je ressers mes jambes autour de ton dos, t'ancrant plus profondément encore en moi, refusant que cela s'arrête. Et sous l'effet de cette étreinte, nos corps, presque à notre insu, se remettent à bouger, dans un balancement lent, infini. Et nous à gémir, non plus dans l'urgence du désir, mais dans la plénitude d'être enfin, et entièrement, arrivés.

Dernière réponse le 28 octobre
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Photo de ArtemusGordon
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Jetattends
60 •
Magnifiquement bien narré. Ton écriture est très plaisante à lire, elle m'a plongé dans ton plaisir
JpParis13
65 •
C'est beau, j'aimerais beaucoup, m'abandonner ainsi.
Victor_fun
53 •
Félicitations
Al46230
62 •
Magnifique. On y est. Bien écrit et cela me fait penser à mon masseur préféré. Un ancien rugbyman. Bravo pour ce partage.
Al46230
62 •
Et de plus, le pseudo, bel hommage aux mystères de l'ouest, série que j'adorais.
Calin85370
59 •
Tres beau texte. merci
Jhsoft2
33 •
Très bien écrit
salop31
63 •
Très agréable à lire, bravo !
Winch
51 •
Quel beau récit si bien écrit. Je ressens le plaisir du massé.
gay08140
54 •
Beau texte bien écrit.
h2607
58 •
Wahoo..beau texte...belle histoire... sensuelle et sexuelle...bravo
Cuist
50 •
Merci pour ce magnifique texte
Jacq
56 •
Bravo
AntoineBadil
65 •
Je dirai comme Victor, plus haut : FÉLICITATIONS !
xralph93
46 •
Superbe récit, très poétique et très hot a la fois. un régal a lire et a imaginer vivre.
LopeAJus
42 •
C'est un pur plaisir de te lire. Très beau texte bien écrit. Merci
Tadzio2
70 •
Un très beau récit, merci !
Kanna69
56 •
Tu pourrais écrire un livre