Un nouveau jour 6
Chapitre 4 : Les ombres du passéParis, un soir d'automne, vibrait de son brouhaha habituel, mais le dortoir étudiant du Boulevard Leclerc 14 était étrangement calme. Max était sorti chercher des pizzas (comme toujours), Léo planchait sur un bouquin dans un coin, ses lunettes glissant sur son nez, et Olivier ronflait bruyamment sur son lit superposé, un bras pendant dans le vide comme une ancre abandonnée. Tom, célibataire et toujours un peu perdu dans ses pensées, était assis sur son lit, son téléphone à la main, le coeur battant à tout rompre. En scrollant sur Gaym, une vieille conversation refit surface – un échange avec un certain un mec nerveux qui parlait sans arrêt de capotes et de discrétion. Ce qui le troublait, c'était l'adresse mentionnée dans un message : Une adresse proche, trop proche, du dortoir où ils vivaient tous.Tom leva les yeux vers Martin, affalé sur une chaise, tapant un message sur son téléphone. Ses cheveux en bataille, son éternel t-shirt gris froissé, et ce sourire en coin qui faisait chavirer Tom à chaque fois. C'est pas possible, pensa-t-il. Martin avait mentionné, lors d'une soirée bière et kebab, qu'il s'était séparé de son copain l'année dernière, avant de débarquer à Paris pour ses études. Était-il ? Était-ce lui, derrière ces messages maladroits, pleins d'hésitations et de fautes ? Tom sentit son estomac se nouer. Poser la question, c'était risquer de tout changer.Il tapa un message rapide sur Gaym, : T'es toujours dans le coin de Paris ? Pas de réponse. Martin, de l'autre côté de la pièce, rangea son téléphone et se leva. « J'vais fumer dehors, » lança-t-il, croisant le regard de Tom. « Tu viens ? »Tom hésita, triturant un fil de sa couverture. « Ouais, ok. »Sous un réverbère du Boulevard Leclerc, l'air frais parisien apaisait à peine les nerfs de Tom. Martin alluma une cigarette, la fumée s'élevant en volutes dans la lumière pâle. « T'es bizarre ce soir, » dit-il, sans regarder Tom. « T'as un truc à dire, ou quoi ? »Tom serra son téléphone dans sa poche, la gorge sèche. « Peut-être. T'as déjà utilisé Gaym ? »Martin haussa un sourcil, son expression neutre mais ses yeux perçants. « Pourquoi tu poses la question ? »« Juste… curieux, » répondit Tom, tentant un rire nerveux. « L'année dernière, j'ai discuté avec un mec sur Gaym. Un certain Il parlait tout le temps de capotes, flippait à l'idée d'être vu. Il était dans le coin… Boulevard Leclerc, je crois. »Martin tira sur sa cigarette, le bout rougeoyant dans la nuit. « Paris, c'est grand, » dit-il, évasif. « Plein de mecs sur ces applis. Pourquoi tu remues ça maintenant ? »Tom haussa les épaules, mais son coeur cognait fort. « L'adresse. T'as dit que t'avais vécu pas loin d'ici, près de la »Martin écrasa sa cigarette sous son talon, un silence pesant s'installant. Puis il croisa le regard de Tom, un mélange de défi et de vulnérabilité dans les yeux. « Ok, Tom. Ouais, c'était moi. martin c'est moi. » Il passa une main dans ses cheveux. « J'étais avec mon copain à l'époque. C'était… un bordel. J'essayais de comprendre qui j'étais, ce que je voulais. Ça a pas marché avec lui, alors j'ai déménagé ici. »Tom sentit une vague de chaleur l'envahir, mêlée de confusion. « Donc… t'es toi Et t'as jamais rien dit. »Martin soupira, un sourire triste aux lèvres. « J'allais pas débarquer au dortoir en disant : ‘Salut, je suis bi, j'ai ghosté des mecs sur Gaym et j'ai largué mon mec.' T'aurais fait quoi, toi ? »Tom resta silencieux, repensant à ses propres messages sur Gaym, à ses propres doutes. « J'étais sur Gaym aussi, » lâcha-t-il enfin. « Sous un autre pseudo. J'ai parlé à un mec. Et je crois… que c'était toi. »Chapitre 5 : Les mots qu'on n'ose pasLe bruit d'une mobylette pétaradant au loin troubla le silence. Martin fixait Tom, les yeux plissés, comme s'il essayait de démêler un puzzle. « Attends, t'es en train de dire qu'on s'est parlé sur Gaym ? Toi et moi ? »Tom hocha la tête, mal à l'aise. « Ouais. J'étais un pseudo Enfin, pas vraiment un autre prenom juste un pseudo. J'étais pas prêt à… assumer, tu vois. »Martin éclata d'un rire nerveux, secouant la tête. « Putain, Tom, c'est dingue. On s'envoyait des messages bizarres sur des capotes et des… » Il s'arrêta, un léger rouge aux joues. « Et on finit dans le même dortoir, à Paris, sans savoir qui était qui. »Tom esquissa un sourire timide. « Ouais. Le destin a un sacré sens de l'humour. »Martin s'adossa au réverbère, croisant les bras. « Donc t'étais le mec qui insistait sur les capotes, qui stressait à l'idée de se faire griller. Et moi, j'étais le gars qui flippait à l'idée d'acheter un paquet au magasin du coin. » Il rit, mais son rire portait une pointe de mélancolie. « On était bien paumés, hein ? »Tom acquiesça, fixant le trottoir. « J'avais déjà un crush sur toi, à l'époque. Mais j'osais pas aller plus loin. Et maintenant… t'es là, avec tes sourires, tes regards, et je suis toujours aussi perdu. Surtout avec Max, Léo, Olivier. Ils sont tous tellement… incroyables. »Martin le regarda, son expression plus douce. « Tom, t'es toujours en train de te prendre la tête. Écoute, je vais te dire un truc : j'ai ressenti un truc pour toi dès qu'on s'est croisés ici. Pas juste à cause de Gaym. C'est toi – tes vannes foireuses, ta façon de rougir quand Max te charrie. Mais si t'as un crush sur les autres, c'est ok. Prends ton temps. »Tom sentit son coeur se serrer. « Et toi ? T'en es où, après ton copain ? »Martin haussa les épaules, un sourire en coin. « J'essaie de pas tout foutre en l'air, cette fois. »Chapitre 6 : Le défi continueLe lendemain, le dortoir du Boulevard Leclerc était redevenu un champ de bataille. Max, fidèle à lui-même, avait décrété une revanche du concours de brouette, transformant le couloir en un parcours absurde jonché de coussins, de boîtes de pizza vides et d'un vieux skate cassé. Les étudiants du dortoir s'étaient rassemblés, hurlant des encouragements. Mais Tom ne pensait qu'à Martin, à leur conversation sous le réverbère, et à ce qu'il allait faire maintenant.Pendant la course, Tom poussait Martin en mode brouette, esquivant un coussin mal placé. Max, en commentateur autoproclamé, braillait : « Allez, Tom, fais pas genre t'aimes pas tenir ses chevilles ! » Léo riait, Olivier grognait en trébuchant sur une boîte, et Tom sentit la main de Martin frôler la sienne, un contact fugace mais délibéré.La course se termina dans un éclat de rire général – Tom et Martin perdirent, encore, à cause d'un skate qui traînait. Alors que Max et Olivier fêtaient leur victoire en empilant des boîtes de pizza sur la tête de Léo, Tom entraîna Martin dans la cage d'escalier du dortoir. « Ok, » dit-il, la voix tremblante. « J'ai écrit les déclarations pour Max, Léo, Olivier. Mais la tienne… je l'ai pas finie. Parce que c'est trop. »Martin le fixa, ses yeux brillant dans la pénombre. « Alors dis-la-moi, là, maintenant. Pas besoin d'écrire. »Tom déglutit, cherchant ses mots. « Martin, t'es… t'es comme une chanson parisienne, un air qui reste en tête. Sur Gaym, t'étais juste des mots, mais ici, t'es réel. T'es le mec qui me fait rire, qui me fout la trouille, qui me donne envie de tout tenter. Je sais pas si je peux choisir entre vous tous, mais si je devais… ce serait toi. »Martin resta silencieux un instant, puis s'approcha, posant une main sur l'épaule de Tom. « T'es pas mal non plus, martin » murmura-t-il, un sourire taquin aux lèvres. « On va y aller doucement, ok ? Pas de panique au magasin pas de stress. Juste… nous. »Ils éclatèrent de rire, et de l'autre côté de la porte, Max hurla : « Hé, les tourtereaux, venez payer les pizzas ! »Tom et Martin échangèrent un regard, chargé de promesses silencieuses. Ils rejoignirent les autres, le coeur plus léger, prêts à écrire la suite de leur histoire dans le chaos joyeux du dortoir parisien.
 
											 
                     
         
         
         
         
        